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Hommage à Richard Lester
Hommage à Richard Lester
Help !
Comédie musicale de Richard Lester (UK, 1965, 96 mn), avec George Harrison, John Lennon, Paul McCartney et Ringo Starr. Musique des Beatles.
Mercredi 4 mars, 20 h, Théâtre Liger, animation musicale, Groupe On/Off – Bertrand Guizard et ses 4 musiciens, en présence de R. Lester
Richard Lester est le metteur en scène qui a transformé les Beatles, alors au sommet de leur gloire, en acteurs, dans ce film de fiction musical. Lester, qui, plus tôt dans sa carrière, a travaillé avec l’acteur comique Peter Sellers, les entraîne ici dans une intrigue complètement loufoque, sorte de satire des films de James Bond qui annonce de futures tendances dans la comédie britannique. Si l’on retrouve donc les Quatre Garçons dans une position inédite, on n’en savoure pas moins leur musique et des morceaux aussi légendaires que Help, Ticket To Ride et You’ve got to Hide your Love Away. De belles discussions en perspective avec Richard Lester qui sera à Nîmes pour présenter le film aux spectateurs du Théâtre Liger.
A Hard Day’s Night
Long métrage musical de Richard Lester (UK, 1964, 87 mn).
Jeudi 5 mars, 20 h 30, Le Sémaphore, en présence de R. Lester
En 1964, Richard Lester rencontre un drôle de groupe british en pleine ascension : les Beatles. Il ne sait rien d’eux ni de leur musique. Pour faire connaissance, il décide de les suivre dans le tourbillon d’une tournée. Ainsi naît Quatre Garçons dans le vent, dont le titre original et la chanson phare A Hard Day’s Night (La Nuit d’une dure journée) proviennent d’une bourde de Ringo Starr, un « ringoïsme », une de ces fautes
The Knack… And How to Get it
(Le Knack… et comment l’avoir)
De R. Lester (UK, 1965, 84 mn), scénario de Charles Wood et Ann Jellicoe, avec Rita Tushingham, Ray Brooks, Michael Crawford. Palme d’or au Festival de Cannes 1965
Jeudi 5 mars, 16 h, Carré d’Art, en présence de R. Lester
Le Knack, cette supposée étincelle pour séduire les filles, n’est qu’un prétexte frivole à une balade loufoque et picaresque à travers le Swinging London du début des années 60. Dans le sillage de jeunes londoniens ou provinciaux fraîchement débarqués, le film nous offre un portrait irremplaçable de la capitale au moment où une jeunesse débordante de vitalité se met à faire sauter le couvercle d’une société coincée dans les principes de l’« establishment ». Un film jubilatoire, plein de légèreté, véritable bain de jouvence.
How I Won the War
(Comment j’ai gagné la guerre)
Film d’humour noir de Richard Lester (UK 1967, 110 mn), avec Michael Crawford, John Lennon et Roy Kinnear.
Vendredi 6 mars, 14 h, Carré d’Art, en présence de R. Lester
Mise en scène et produite par Richard Lester, cette tragicomédie est basée sur un roman éponyme de Robert Ryan. Cette parodie du film de guerre, du genre documentaire dramatisé, dans le style comique absurde, nous conte les mésaventures de l’inepte « 4th Musketeers », au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Le thème central est l’installation d’un « Terrain de Cricket » derrière les lignes ennemies en Tunisie et l’action se déroule depuis le débarquement allié en Afrique du Nord en 1942 jusqu’à la traversée du dernier pont intact sur le Rhin à Remagen en 1945. On retrouve John Lennon, ex-Beatle et célèbre activiste anti-guerre, dans un second rôle.
Petulia
De Richard Lester (UK, 1968, 105 mn), avec Julie Christie, George C. Scott, Richard Chamberlain. Sous-titres anglais.
Vendredi 6 mars, 16 h, Carré d’Art, en présence de R. Lester
C’est l’un des six films les plus remarqués sortis au cours de l’année 1968. Le cinéaste y décrit une vie américaine matérialiste, climatisée et hygiéniste qui s’apprête à s’informatiser et à consommer dans les supermarchés.
« Petulia, tourné en 1967 à San Francisco, au zénith du mouvement hippie témoignait du pressentiment de l’échec avec son sentiment de douleur, d’angoisse et de laideur. » (Benayoun et Ciment). Dans ce film emblématique de sa production, Lester part du particulier (les mésaventures sentimentales d’une jeune femme, la performance d’un groupe) pour aller vers le collectif et le politique (l’impossible rapport à l’autre). Il faut saluer aussi la performance de Julie Christie qui incarne le personnage de Petulia avec une émotion et un naturel incomparables.
Hommage à Gurinder Chadha
I’m British, but…
Film documentaire de Gurinder Chadha pour TV Channel 4 (UK, 1989, 30 mn), avec Apala Chowdhury, Michael Khan, Jabeen Mohammed, Ramesh Rana et d’autre interviewés.
Sous-titrage Ecrans Britanniques.
Samedi 28 février, 10 h, Carré d’Art
Premier essai cinématographique de Gurinder Chadha, avec le soutien du BFI. La jeune cinéaste anglo-indienne part à la rencontre de la communauté immigrée originaire du sous-continent, dans certains quartiers plus particulièrement et enregistre leurs sentiments, leur vécu, leur identité culturelle, sous la forme d’un documentaire d’une demi-heure, substrat essentiel pour ses comédies sociales à venir.
Bhaji on the Beach
(Balade à Blackpool)
Comédie dramatique de Gurinder Chadha (UK, 1993, 101 mn), scénario de Meera Syal, avec Kim Vithana (Ginder), Jimmi Harskishin (Ranjit), Sarita Khajuria (Hashida) Mo Sesai (Oliver), lalita Ahmed (Asha).
Sous-titrage Ecrans Britanniques.
Samedi 28 février, 10 h 30, Carré d’Art
Cette Balade à Blackpool a fait vraiment découvrir Gurinder Chadha, première femme réalisatrice de fiction d’origine indienne en Angleterre. Ne serait-ce que pour cela, le film fait date. Nouveau également, le point de vue choisi : celui des femmes de la communauté indienne, avec un éventail de personnages aussi diversifié que possible, dans les aspirations, les choix de vie, les options culturelles et identitaires.
Un groupe de femmes, qui ont quitté leurs hommes et leurs charges domestiques pour une journée et se retrouvent donc embarquées dans une excursion à Blackpool, vieille cité balnéaire et lieu emblématique de la culture populaire anglaise sous ses aspects pas forcément les plus exaltants. D’où une succession de scènes, d’échanges, de rencontres souvent épicés comme un bon curry, et de confrontations culturelles percutantes.
Bride and Prejudice
(Coup de Foudre à Bollywood)
Réalisation et scénario de Gurinder Chadha (UK/USA/Inde, 2004, 112 mn),, avec Aishwarya Rai, Martin
Henderson, Daniel Gillies, musique de Anu Malik.
Samedi 28 février, 14h30, Théâtre Liger
Gurinder Chadha combine habilement ses origines à la culture britannique en proposant dans cette
comédie musicale de revisiter le très célèbre roman de Jane Austen Orgueil et Préjugés (le titre du film en anglais joue d’ailleurs avec celui du roman, Pride and Prejudice). Si ce dernier a été maintes fois adapté, il est ici transposé en Inde et traité en s’inspirant du cinéma de Bollywood. Il en résulte une comédie savoureuse et irrésistible, riche en chansons et en couleurs, dans laquelle collaborent acteurs et techniciens, indiens,
britanniques et américains. Si l’approche de Gurinder Chadha est beaucoup plus personnelle et complexe qu’il n’y paraît, le film est un pur moment d’évasion et de plaisir.
Bend it like Beckham
(Joue-la comme Beckham)
Comédie dramatique de Gurinder Chadha (UK/USA/ Inde, 2002, 112 mn), avec Parminder Nagra, Keira Knightley, Jonathan Rhys Meyer, Archie Panjabi.
Le Sémaphore, voir programme
Joue-la comme Beckham, c’est l’histoire d’une jeune fille d’origine indienne dans la banlieue de Londres qui se passionne pour le football. Son idole est David Beckham dont elle admire le jeu et rêve de suivre la trace. Alors que ses parents souhaitent la voir poursuivre des études de droit et faire un mariage traditionnel comme sa soeur Pinky, Jess fait la rencontre de Jules, une jeune anglaise qui joue dans l’équipe locale. Elle y est alors rapidement intégrée et s’avère talentueuse.
Face à l’opposition de ses parents, Jess doit jouer en cachette. Les choses se compliquent lorsque sa famille découvre la vérité et exige qu’elle abandonne le football. L’idée de ce film est apparue à la réalisatrice lors de la coupe du monde de football de 1998 lorsqu’elle s’est rendue compte de l’impact sur les gens de l’élimination de leur équipe en huitième de finale. David Beckham, expulsé pour avoir donné un coup de pied à un Argentin est tenu pour responsable et sa popularité s’effondre. Cependant, après avoir permis à Manchester United un triplé (Championnat, Cup et Ligue des Champions) en 1999, il est redevenu très populaire en 2002. Le titre du film se réfère à son style de jeu : bend signifie courber, faire un angle. En frappant avec l’intérieur du pied, le ballon suit une trajectoire incurvée, évite l’adversaire et trompe le gardien. Sur fond de football, Gurinder Chadha aborde avec beaucoup d’humour des thèmes que l’on retrouve dans plusieurs de ses films dont la question de l’origine ethnique et des différences culturelles, celle de l’homosexualité, celle de l’émancipation des femmes (l’interdiction de jouer au football n’a été levée qu’en 1960 en Angleterre) et ce, au travers d’un personnage attachant inspiré de sa propre enfance.
Rétrospective Richard Attenborough
Oh, What a Lovely War !
(Ah Dieu ! Que la guerre est jolie !)
De Richard Attenborough (UK, 1969, 140 mn), Avec : Wendy Allnutt, Colin Farrell, Malcolm McFee, John Rae, Dirk Bogarde, John Gielgud, Jack Hawkins, Laurence Olivier, Michael Redgrave, Vanessa Redgrave, Ralph Richardson, Maggie Smith… et Jean-Pierre Cassel !
Samedi 28 février, 20 h, Théâtre Liger
Inspiré d’une comédie musicale de Joan Littlewood de 1963, Ah Dieu ! Que la guerre est jolie ! ce film résume et commente le déroulement de la Première Guerre mondiale en s’appuyant sur des chansons et airs de musiques d’époque. Plusieurs de ces chansons remontant au XIXe siècle, les paroles en avaient été changées de façon sarcastique par les soldats du front.
Le film est ponctué d’allégories désopilantes montrant le jeu des forces politiques et sociales à l’oeuvre dans la tragédie qui se joue : la jetée de Brighton représente la Première Guerre mondiale, avec le public qui se presse au portillon et le général Haig en guichetier.
Le scénario suit le destin de plusieurs jeunes hommes de la famille Smith, représentative de la classe ouvrière et de la « lower middle-class » anglaise, Jack (Paul Shelley), Freddy (Malcolm McFee), Harry (Colin Farrell) et George (Maurice Roëves) et leur quotidien dans les tranchées.
Le film a eu un grand succès et est devenu l’expression classique d’une satire antimilitariste de la Première Guerre mondiale. En effet, le film souligne l’indifférence des élites devant le massacre des citoyens ordinaires. Il a été très critiqué depuis 20 ans par certains historiens conservateurs.
Gandhi
De Richard Attenborough (UK/Inde, 1982, 191 mn), avec Ben Kingsley, Edward Fox, Martin Sheen, Rohini Hattangadi.
Mardi 3 mars, 14 h, Théâtre Liger
Biopic, film historique, film à grand spectacle, chef-d’oeuvre récompensé par 9 oscars, Gandhi est une inoubliable fresque retraçant la vie de l’homme modeste mais obstiné qui deviendra l’immensément célèbre Mahatma, prônera la non-violence et la désobéissance civile et mènera l’Inde vers l’indépendance.
La mise en scène de Richard Attenborough (qui alla jusqu’à hypothéquer sa maison pour réunir les fonds nécessaires au film), la qualité de la photographie et l’interprétation magistrale de Ben Kingsley font de ce film un monument du cinéma britannique.
Cry Freedom
(Le Cri de la liberté)
De Richard Attenborough (UK, 1988, 157 mn), avec Kevin Kline, Denzel Washington, Penelope Wilton
Mercredi 4 mars, 14 h, Carré d’Art
Réalisateur engagé, Richard Attenborough apporte sa contribution à la lutte contre l’apartheid en racontant l’histoire vraie de Steve Biko et l’amitié de ce dernier avec le journaliste blanc Donald Woods.
Le scénario du film est d’ailleurs écrit à partir d’un ouvrage rédigé par ce dernier. Steve Biko, représentant charismatique du mouvement « black consciousness », qui se développa après les émeutes de Soweto, fut torturé à mort en prison après son arrestation. Donald Woods qui tenta de dénoncer la situation dut quant à lui faire face à de nombreuses pressions et menaces, mais ne renonça jamais à honorer la mémoire de Biko.
Attenborough fait de ce cri de la liberté un témoignage cinématographique bouleversant, en s’appuyant sur les interprétations remarquables de Kevin Kline et Denzel Washington.
In Which We Serve
(Ceux qui servent en mer)
Drame de guerre de David Lean et Noël Coward (UK, 1942, 115 mn) avec Richard Attenborough, Noël Coward, Michael Wilding. Sous-titrage Ecrans Britanniques.
Vendredi 6 mars, 10 h, Carré d’Art
Ce premier film de David Lean comme réalisateur et du tout jeune Richard Attenborough comme acteur, allait cristalliser l’adhésion d’un peuple à sa glorieuse Marine Royale, pendant la 2e guerre mondiale et rencontrer un extraordinaire succès. Le projet naquit dans l’esprit de Noël Coward à la suite de conversations avec son ami Lord Mountbatten. Ce dernier lui avait relaté le naufrage de son navire le HMS Kelly en Méditerranée en mai 1941. Tous deux décidèrent d’en faire un film à la gloire de la Royal Navy.
Coward sollicita alors David Lean, monteur réputé, qui accepta, mais en exigeant d’en partager la réalisation. Constatant que le soi-disant « script » proposé par Coward n’était guère utilisable tel quel, Lean conseilla à Coward d’aller voir Citizen Kane qui venait de sortir en salles à Londres. Coward fut aussi enthousiasmé que Lean par le film de Welles. Ce qui est sans doute à l’origine de la construction en flash-backs qui caractérise In Which We Serve.
Dans le film, le destroyer est rebaptisé HMS Torrin, et Mountbatten cède la place au commandant Kinross, personnage que Coward tint à interpréter lui-même. « This is the story of a ship » commente une voix off sur des images de chantier naval et de construction du navire, images dans une tradition documentaire tout à fait griersonienne.
Le navire sera donc le personnage principal du film, fait de tôles d’acier et de blindages mais surtout de cette communauté qui l’habite et va lui donner vie. Le récit choisit de se centrer sur quatre hommes à bord : le commandant Kinross, le sous-officier Hardy, le 2e classe Shorty Blake et un tout jeune marin dont ce sera le tragique baptême du feu.
La 1ère Guerre Mondiale vue par le cinéma britanique
Oh, What a Lovely War !
(Ah Dieu ! Que la guerre est jolie !)
Samedi 28 février, 20 h, Théâtre Liger
(voir chronique dans la partie « Rétrospective Richard Attenborough).
King and Country
(Pour l’exemple)
De Joseph Losey (R. U, 1964, 89 mn, NB), avec Dirk Bogarde, Tom Courtenay.
Mardi 3 mars, 16 h, Carré d’Art
Adapté de la pièce de John Wilson « Hamp » et basé sur le roman, en partie autobiographique, d’un avocat ayant échoué à soustraire un soldat à sa condamnation infligée par la cour martiale, ce film de guerre ne comporte aucune scène de bataille. Joseph Losey, dans cette attaque féroce contre la guerre et la bestialité qu’elle engendre, crée un film palpitant, cible l’hypocrisie de la société en ce qui concerne l’armée et, dans sa tentative de percer à jour cette même société qui envoie ses jeunes à la guerre en ne prenant pas ses responsabilités quant aux conséquences de son action, ouvre un débat académique sur la moralité de la guerre.
Sa réussite majeure consiste à créer un environnement complètement stylisé qui permet aux protagonistes d’endosser des statures hors- normes. Sa proclamation de meilleur film de l’année, lors de la British Academy Award, s’accompagne de celle du meilleur acteur pour Tom Courtenay au festival du film de Venise. Cependant, il faut noter la splendide performance de Dirk Bogarde, à qui l’on avait attribué un rôle très difficile au sein de ce film bouleversant.
1914 All Out
(Un Village loin de la guerre)
De David Green (UK, Yorkshire TV, 1987, 80 mn), scénario de Colin Shindler, avec David Hargreaves, Jean Rimmer, Barry Jackson, Christopher Baines. Sous-titrage Ecrans Britanniques.
Mercredi 4 mars, 10 h, Carré d’Art
Dans le Yorkshire rural, les splendides Yorshire Dales, alors que la guerre s’annonce, la population d’un village se passionne pour la rencontre de cricket avec une équipe voisine. Ce sera pour beaucoup le dernier match avant de partir sur le front de la 1re Guerre mondiale, confiants que « tout cela sera fini avant Noël ».
Combien en reviendront et dans quel état ? Le thème du film fut inspiré au scénariste, le dramaturge Colin Shindler, lorsqu’il découvrit le monument aux Morts du village. Une peinture élégiaque d’une société rurale au début du siècle dans un film émouvant de délicatesse.
Gallipoli
De Peter Weir (Australie, 1981, 110 mn), scénario de David Williamson, sur une histoire de Peter Weir, avec Mark Lee, Mel Gibson, Bill Kerr.
Présenté par Inez Baranay. Jeudi 5 mars, 14 h, Carré d’Art
Ce film phare du cinéma australien du début des années 80 a consacré Peter Weir comme réalisateur de réputation mondiale (L’Année de tous les dangers, 1983, Witness, 1985, Le Cercle des poètes disparus, 1989) et propulsé Mel Gibson au premier rang des stars du box-office. Drame historique prenant pour thème central la bataille de Gallipoli (1915), qui se solda par un très sévère échec des pays de l’Entente (UK et France) face à la Turquie, ce film interroge un des mythes fondateurs de la nation australienne, qui voulut voir dans ce combat l’illustration de l’héroïsme de ses troupes, alors qu’il ne fut que celle de l’incompétence et l’entêtement aveugle de leur commandement.
C’est aussi un drame humain, l’histoire attachante de deux jeunes hommes forts d’une amitié forgée dans la pratique de la course à pied, qui, par insouciance juvénile et soif de dépaysement, vont être amenés à s’engager, transplantés loin de leur jeune patrie, et à se confronter aux complexités du vieux monde, l’Egypte en l’occurrence. Ils finiront leur odyssée tragiquement dans l’horreur du champ de bataille. Pour la maîtrise du récit, la profondeur des thèmes abordés (la jeunesse, l’amitié, le choc des cultures – thème récurrent dans l’oeuvre de Weir –, la guerre, la mort) et la somptuosité des images, ce film s’impose comme un chef- d’oeuvre. A voir absolument !
Regeneration
De Gillies MacKinnon (UK, 1997, 105 mn), scénario d’Allan Scott, d’après le roman de Pat Barker, avec Jonathan Pryce, James Wilby, Jonny Lee Miller, Stuart Bunce, Tanya Allen. Sous-titrage Ecrans Britanniques.
Vendredi 6 mars, 18 h, Carré d’Art, en présence de G. MacKinnon
Le film de Gillies MacKinnon se situe principalement à Craiglockhart Hospital en 1917, où un certain nombre de militaires sont soignés pour divers traumatismes de guerre. Wilfred Owen se met à y écrire ses poèmes de guerre sous l’influence de Siegfried Sassoon. Le film commence par retracer l’histoire réelle de Siegfried Sassoon, à partir de sa lettre ouverte de Juillet 17, publiée dans Le Times, où il dénonce « la conduite de la guerre, les erreurs politiques et les mensonges au nom desquels les hommes sont sacrifiés ».
Précédemment considéré comme un héros et décoré, Sassoon a été envoyé, sur recommandation de Robert Graves, ami et poète, à l’hôpital psychiatrique de Craiglockhart. Il y rencontre le Dr William Rivers, psychiatre freudien qui encourage ses patients à verbaliser leurs souvenirs de guerre comme démarche thérapeutique. Le roman et le film nous font découvrir intimement le cheminement personnel dramatique de ceux qui deviendront célèbres dans la littérature anglaise comme « Les Poètes de la Guerre ».
Juste avant l’orage
Documentaire de Don Kent (France, 2013, 90 mn), auteur-scénariste : Marine Thellier, Don Kent, Leslie F. Grunberg. Produit par Pénélope Morgane Production et Arte France, il a reçu le soutien du ministère de la Défense (SGA/DMPA).
Samedi 7 mars, 10 h, Carré d’Art, en présence de Don Kent
« J’ai construit un voyage imaginaire à la vitesse du train, comme à l’époque, pour tenter de mettre des images et des sons sur un monde qui allait disparaître… ce monde… juste avant ». Des photos oubliées, quelques textes recopiés… C’est en retrouvant, dans une vieille valise, les traces fugaces d’un oncle mort en France en 1915 que Don Kent (Ballade pour une Reine) entreprend son voyage à travers l’Europe d’avant-guerre, à la découverte du Monde d’hier merveilleusement décrit par Stefan Zweig.
À quoi ressemblait-elle, cette Belle Époque qui s’engouffrait, faussement confiante, dans la modernité, faisant mine d’ignorer les démons qui allaient précipiter sa chute ? Archives rares, partitions musicales, extraits littéraires ou cinématographiques… : au fil de rencontres et d’étapes, de Vienne à Paris en passant par Saint-Pétersbourg, le réalisateur croise les regards d’intellectuels singuliers ( N . Offenstadt, J. Le Rider, J. Rouaud, H. Wismann, V. Schlöndorff, C. Magris, L. Kahn, S.E. U. Plassnik, Dr W. Schüssel, P. Ourednik, D. Stojanovic, H. Carrère d’Encausse…) pour recomposer ce passé d’il y a tout juste cent ans. A travers ce roman foisonnant d’une époque, Don Kent ressuscite le quotidien des populations européennes à la veille de la Première Guerre mondiale. Passionnant.
Ciné-concert The Battles of Coronel and Falkland Islands
The Battles of Coronel and Falkland Islands
Samedi 7 mars, 20h, Théâtre Liger
Ciné-concert Florian Doidy De Walter Summers (UK, 1927, 105 mn, muet), écrit par John Buchan, Harry Engholm, Frank C Bowers. Produit par H Bruce Woolfe.
Il s’agit de la toute dernière re-découverte et restauration par les Archives Nationales du BFI – la Cinémathèque britannique – sous la houlette de Bryony Dixon , qui fut notre invitée aux Ecrans britanniques il y a 2 ans. Le film vient d’être défini par les spécialistes comme l’un des plus beaux films du muet anglais. Tourné en 1927, il s’attache à recréer puissamment un affrontement maritime majeur de la 1re Guerre Mondiale. A partir de là, le film nous dit beaucoup de choses sur cette guerre. Sous la direction de Walter Summers, il associe la nouvelle approche qui va donner naisssance à l’Ecole Documentaire Britannique, à un montage créant une intensité dramatique.
Avec le recul en 1927, on y découvre aussi le souci de remettre en perspective les relations avec l’Allemagne. Pour la critique réputée, C. A. Lejeune, «The Battles of Coronel and the Falkland Islands est sans aucun doute le meilleur film jamais réalisé par un “British director”» et elle le compare à Metropolis et au Cuirassé Potemkine. Ce film- poème célébrant la technologie de la guerre navale n’est pas sans évoquer le cinéma d’Eisenstein, que pourtant Summers n’avait probablement pas vu.
Il s’agira de la première projection en France, de ce film restauré, dans un ciné-concert avec une création originale orchestrée par Florian Doidy.
Actualité du cinéma britannique
The Riot Club
De Lone Scherfig (UK, 2014, 106 mn), scénario de Laura Wade, d’après sa pièce Posh, avec Nathalie Dormer, Max Irons, Sam Claflin, Douglas Booth, Freddie Fox, Holliday Grainger. Vendredi 27 février, 21 h, Le Sémaphore Le Riot Club, version fictionnalisée du Bullington Club, est réservé à l’élite de la nation britannique. Ce cercle très secret d’Oxford, où l’on rentre par cooptation ou par transmission familiale, fait de la débauche et de l’excès son modèle depuis trois siècles. Les carrières politiques s’y préparent et les réputations s’y font et s’y défont le temps d’une soirée. Miles et Alistair, interprétés par Max Irons et Sam Claflin, tous deux étudiants en première année et rejetons d’illustres familles, ne reculeront devant rien pour avoir l’honneur d’en faire partie, le second se révélant néanmoins, au fil de l’initiation au club, infiniment plus raisonnable, civilisé et respectueux d’autrui que le premier. Lauren (Holliday Grainger), issue de la middle-class, introduite par Miles dans cet univers où se perpétue la domination masculine, va être confrontée à la dureté et la suffisance de cette caste qui possède l’argent et le pouvoir. L’action est brillamment menée, rythmée par des scènes violentes jusqu’au paroxysme, atteint au cours du repas dans l’auberge en pleine campagne. Cette montée en puissance de la violence et le malaise qu’elle installe dans le public est sans doute une des réussites du film. De Lone Scherfig, le public des Ecrans Britanniques avait déjà pu apprécier son film An Education (2009).
The Theory of Everything
(Une merveilleuse Histoire du temps) De James Marsh (UK, 2014, 123 mn), scénario de Anthony McCarten d’après l’autobiographie de sa femme, « Voyage à l’infini, ma vie avec Stephen », avec Eddie Redmayne, Felicity Jones, Emily Watson, David Thewlis. 8 nominations aux Oscars. Samedi 28 février, 17 h 30, Le Sémaphore Ce film s’inspire de l’histoire véridique d’un person n age hors du commun , Stephen Hawking, astrophysicien en quête de réponses au mystère de la création de l’univers et du temps, mondialement connu pour ses travaux sur les trous noirs et la cosmologie quantique, réalisés alors qu’il était atteint de la maladie de Lou Gehrig ou de Charcot. Le titre français du film fait référence à son plus célèbre ouvrage de vulgarisation, Une brève Histoire du temps. En l’incarnant au cinéma, Stephen Redmayne accomplit une performance prodigieuse. Quand tombe le diagnostic qui le condamme (mais qui s’est révélé inexact, puisque Hawking est toujours en vie), l’étudiant surdoué de Cambridge est sauvé par l’amour de sa future femme, admirablement interprétée par Felicity Jones. C’est ce nouveau combat pour la vie et pour la science que raconte admirablement le film. « Plus que la mise en scène – très classique, pour ne pas dire académique – de James Marsh, le film vaut surtout pour l’interprétation extraordinaire des deux acteurs principaux. L’un et l’autre font corps, jusqu’à en devenir hallucinants de vérité et d’humanité (ils sont tous les deux nommés aux oscars). » (Franck Nouchi, Le Monde).
National Gallery
Documentaire de Frederick Wiseman (RU, 2014, 181 mn). Présenté par Pascal Trarieux (sous réserve). Dimanche 1er mars, 14 h, Le Sémaphore Ce documentaire passionnant est le portrait d’un lieu, de son fonctionnement et de son rapport au monde. Dans un perpétuel jeu de miroirs, le cinéma regarde la peinture et la peinture regarde le cinéma. Ce pourrait être un thriller dans un musée anglais, avec du sang et de la volupté, des scènes galantes et des missions dangereuses… une mosaïque de fictions, qui révèle le mariage entre peinture et cinéma. Pas de superflu, pas de commentaire ni de musique pour mieux nous faire apprécier et comprendre cette institution prestigieuse et ses 2 400 tableaux, du Moyen Âge à la fin du XIXe. On observe certaines oeuvres de très près, on découvre les talentueuses guides- conférencières et les multiples enjeux liés à la restauration d’une toile. Le réalisateur montre aussi bien les visiteurs que les coulisses et la vie quotidienne des conservateurs, régisseurs et guides. Ce long film, jamais ennuyeux, a passionné tous les critiques, tant il respire l’amour de l’Art. La National Gallery, dont l’entrée est gratuite, n’a pas payé ce film qui fera beaucoup pour sa renommée et sera certainement en bonne place dans sa gift shop
Still Life
(Une belle Fin) Avant-première D’Uberto Pasolini (UK, 2013, 92 mn), scénario d’Uberto Pasolino, avec Eddie Marsan, Joann Froggat, Karen Drury. Dimanche 1er mars, 20 h, Le Sémaphore L’intrigue est simple au départ : John May (Eddie Marsan), employé méticuleux, organisé et silencieux de la commune de Kennington est chargé de retrouver les parents proches des gens décédés seuls. John a une vie solitaire, pas d’ami(e)s, écrit lui-même les nécrologies des disparu(e)s et se retrouve seul le jour des enterrements, car les gens ont toujours une bonne raison de vouloir oublier leurs ami(e)s, leurs parents. Pas très palpitant tout ça, une « vie immobile », « statique ». Mais voilà, le film bascule, l’intrigue aussi et va révéler toute l’humanité du personnage de John : compression de personnel oblige, employé trop « lent » et « dispendieux »…la municipalité décide de le licencier, mais pas avant qu’il ait mené à bien sa dernière mission. Il doit retrouver les parents et amis de son voisin, Billy Stoke, un vieil alcoolique, pour les inviter à son enterrement. Petit à petit, John va reconstituer le puzzle que constituait la vie de Billy. Le personnage terne du début va rencontrer la fille de Billy, Kelly (Joanne Froggat) ; une amitié va naître de cette rencontre et lui rendre le goût de la vie…
X + Y
– Avant-première De Morgan Matthews (UK, 2014, 111 mn), scénario de James Graham, avec Asa Butterfield, Sally Hawkins, Rafe Spall, Eddy Marsan. Dimanche 1er mars, 18 h, Le Sémaphore Mélodrame maîtrisé et plein de charme, c’est le premier long-métrage de fiction de Morgan Matthews, connu et reconnu jusqu’ici comme réalisateur de documentaires, notamment Beautiful Young Minds (2007), dont il s’est inspiré pour ce film. Son héros, Nathan, est un adolescent renfermé qui vit replié sur lui-même et fuit toute manifestation d’affection. Nathan est un autiste de haut niveau, véritable prodige des mathématiques, le seul univers où il trouve confort et sécurité. Le film est porté par des interprètes saisissants (mention spéciale à Eddie Marsan dans le rôle du coach de l’équipe britannique). Il est totalement non-matheux compatible, les maths, bien sûr, n’étant pas le sujet. En fait, c’est tout le contraire qu’il explore, à savoir, ce qui échappe à la raison et au raisonnement logique, mais qui donne sens à la vie : les relations humaines et l’amour. Imbriquant drame et comédie, et malgré quelques surcharges mélodramatiques secondaires, le film tisse son charme dans la spirale de thématiques duales (élève/mentor, mère/fils, normalité/étrangeté, compétition/liberté, Europe/Asie, etc.) et révèle un réalisateur à suivre. Il y a du Rain Man dans ce film et aussi des Intouchables, plus (ah ah) un côté « feel good movie » bien agréable par les temps qui courent. X + Y apporte la preuve (par neuf) que les maths mènent à tout, à condition d’en sortir. Un premier opus qui a séduit en ouverture (hors compétition) du 6e Festival de Cinéma Européen des Arcs, après une première à Toronto et quatre nominations au BIFA (meilleur premier film, meilleur acteur et meilleurs seconds rôles masculin et féminin).
God Help the Girl
De Stuart Murdoch (UK, 2014, 112 mn), avec Emily Browning, Olly Alexander, Hannah Murray. Lundi 2 mars, 18 h 30, Le Sémaphore Stuart Murdoch, leader du groupe écossais « Belle and Sebastian » a imaginé l’histoire du film à partir de plusieurs chansons de son projet musical God Help the Girl. Il signe la réalisation, le scénario et la musique de ce long-métrage. Prix spécial du jury au dernier Sundance Film Festival, God Help the Girl est annoncé par les Inrocks comme le teen-movie de l’année. A Glasgow, Eve est une jeune femme talentueuse qui sait créer de vraies chansons pop. Déprimée et anorexique, elle tente de soigner son mal-être en écrivant des textes et en composant des mélodies qu’elle rêve d’entendre à la radio. Un jour, elle croise le chemin de James, un musicien romantique enfermé dans sa musique, et de Cassie, une fille gâtée des quartiers huppés. Tous les trois décident de former leur propre groupe musical. Entre les amitiés et les amourettes partagées, les petits soucis et leur passion pour la musique pop, le trio quelque peu déconnecté de la réalité essaie de trouver sa voie dans la chanson et dans la vie… (Télérama)
Pride
Lundi 2 mars, 20 h 30, Le Sémaphore De Matthew Warchus (UK, 2014, 119 mn), avec Bill Nighy, Imelda Staunton, Paddy Considine, George Mackay. En 1984, pendant la grève des mineurs en Angleterre, un groupe d’activistes gay et lesbien de Londres décide de collecter des fonds pour aider les familles de mineurs en difficulté. Mais le syndicat national des mineurs ne voit pas tout à fait les choses de la même façon et considère ce soutien comme pour le moins « embarrassant ». La rencontre va pourtant avoir lieu entre les jeunes homosexuels ayant lancé la collecte et une communauté minière du fin fond du Pays de Galles… Dans la lignée des grandes comédies sociales britanniques, Pride est un film sur la tolérance et la solidarité, porté par des acteurs célèbres et des étoiles montantes du cinéma britannique. Un joli scénario et une excellente bande-son parachèvent l’ensemble. Le prix du meilleur film indépendant de l’année au Royaume-Uni a récompensé à juste titre cette belle réussite.
Calvary
Mardi 3 mars, 18 h 30, Le Sémaphore Ecrit et réalisé par John Michael McDonagh (UK, 2014, 105 mn), avec Brendan Gleeson, Chris O’Dowd, Kelly Reilly, Aidan Gillen, Dylan Moran. Prêtre bourru mais exemplaire, le père James est du jour au lendemain menacé de mort par l’un de ses paroissiens. Humour grinçant, intensité dramatique voire… éléments de western, John Michael McDonagh réalise avec Calvary un cocktail intense montrant l’Irlande et ses habitants secoués par les erreurs et crimes passés d’une Eglise pourtant pilier de leur culture. Il construit un suspense au cours duquel son prêtre sonde ses ouailles, personnages atypiques et déjantés (un flic homo, un médecin cynique, un aristocrate blasé et même sa propre fille). C omme dans L’Irlandais , John Michael McDonagh utilise à nouveau les codes du genre pour désamorcer la gravité et le sérieux avec humour, croquer des personnages pittoresques et confier un rôle en or à son acteur fétiche, Brendan Gleeson, effectivement génial, qui réalise un fascinant exercice de funambulisme entre doute et conviction. Cette intense semaine d’un prêtre menacé de mort ne manque pas d’un humour très pince-sans-rire, délicieusement British.
’71
Mardi 3 mars, 20 h 30, Le Sémaphore De Yann Demange (UK, 2014, 99 mn), scénario de Gregory Burke, avec Jack O’Connell, Sean Harris, Paul Andersen. Pour son premier long-métrage, le cinéaste franco-algérien Yann Mounir Demange, a réussi un coup de maître avec ce thriller haletant, fiévreux et prodigieusement efficace, qui a obtenu le prix du public au festival de Dinard. L’action se déroule à Belfast en 1971, durant ce qu’un euphémisme britannique nomme les « troubles ». Le jeune soldat Gary Hook y est envoyé en principe pour pacifier les tensions entre les communautés catholique et protestante. Dans une reconstitution saisissante du chaos nord-irlandais, le film suit la traque du personnage par les militants de l’IRA dans un paysage urbain suintant la misère, hanté par la peur et la haine, où errent des gamins, victimes sacrificielles de la guerre, et qui devient un des acteurs essentiels du film. Contrairement à Hunger (2008) de Steve McQueen, Demange adopte dans ’71 un point de vue « neutre », préférant transcender le conflit irlandais pour parler de toutes les guerres. [Pour Demange, l’Irlande de 1971, c’est l’Irak d’aujourd’hui.] L’odyssée de Gary ressemble à celle de bien d’autres soldats pris dans la toile d’araignée des convulsions de l’histoire qui les dépassent.
Queen and Country
Mercredi 4 mars, 18 h, Le Sémaphore De John Boorman (UK, 2014, 115 mn), avec Callum Tuner, Caleb Landry Jones, Pat Shortt, Vanessa Kirby, Tamsin Egerton, David Thewlis, Richard E. Grant. Retour très attendu du vétéran Boorman avec un film à la veine autobiographique et intimiste de Hope and Glory, où il laisse vagabonder avec tendresse ses souvenirs de fin d’adolescence, enchaînant avec brio scènes romantiques et séquences de comédie. 1952. Bill Rohan, l’alter ego du cinéaste interprété par Callum Turner, a 18 ans ; il est habité par une passion cinéphilique dévorante. Son idylle naissante avec une fille trop belle pour lui est bientôt contrariée par l’appel du service militaire, dans le contexte de la Guerre de Corée. Bill se lie d’amitié avec Percy, un farceur qui l’entraîne dans un complot contre un sergent psychorigide. Dans ce héros, au départ inhibé, qui s’affermit au fil des épreuves, Boorman a mis beaucoup de lui-même, de ses émois d’adolescent et de son initiation au patriotisme. Ce film plein de charme culmine dans une scène familiale cocasse, qui justifie le titre.
The Imitation Game
Jeudi 5 mars, 18 h, Le Sémaphore De Morten Tyldum (UK/USA, 2015, 113 mn), avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode. « Parfois, ce sont ceux à qui on ne pense jamais qui font les choses auxquelles personne n’aurait pensé. » Dans cette réplique, répétée trois fois dans The Imitation Game, réside le coeur même de ce biopic d’Alan Turing, cryptologue et mathématicien qui durant la Seconde Guerre mondiale brisa Enigma, le prétendu indéchiffrable code secret nazi, et ce faisant, inventa ce qui deviendra par la suite l’ordinateur informatique. En effet, au-delà de ses intentions biographiques et historiques, The Imitation Game exalte la différence et la richesse que celle-ci apporte aux sociétés. Car Turing aimait les hommes, à une époque où la loi condamnait encore l’homosexualité – le mathématicien fut à ce titre condamné à la castration chimique en 1952 avant qu’il ne se suicide en 1954. Dans son équipe vouée à changer le cours de l’Histoire : des hommes certes, mais une femme aussi, quand on voulait encore cantonner le soi-disant sexe faible à des tâches de secrétariat ou de bonnes mères de famille. Le film de Morten Tyldum (Headhunters) se révèle un « crowd pleaser » alerte et parfois insolent, porté sur un humour forcément très anglais, où le bon mot côtoie le décalage, où l’on défie l’autorité avec le sourire, où la noirceur des événements ne prive jamais la légèreté ou la beauté d’émerger. (A. Allin/cinemateaser) À la fois thriller historique, biopic épique et drame intime, The Imitation Game, est un film intelligent et captivant qui a obtenu le Prix du public au Festival de Toronto.
20 000 Days On Earth
(20 000 Jours sur Terre) Vendredi 6 mars, 21 h, Le Sémaphore De Iain Forsyth et Jane Pollard (UK, 2014, 97 mn), avec Nick Cave, Susie Bick, Warren Ellis, Kilye Minogue… Scénario de Nick Cave, Iain Forsyth et Jane Pollard, musique de Warren Ellis et Nick Cave. Présenté par Don Kent. Ce film retrace une journée dans la vie de Nick Cave (vous savez… and The Bad Seeds, il doit bien y avoir un disque/cd quelque part dans votre discothèque ?) « Je me lève, j’écris, je mange, je regarde la télé… c’est mon 20 000e jour sur Terre ». Cette journée, chargée et imaginaire, mise en scène par Ian Forsyth et Jane Pollard nous offre un portrait intimiste de Nick Cave. Cave se lève, Cave à une séance d’enregistrement, Cave chez son psychiatre, Cave en compagnie de ses enfants, tout cela entrecoupé de rencontres avec un ancien ami musicien et collaborateur, Warren Ellis, l’acteur Ray Winstone, un ancien musicien des Bad Seeds, Blixa Bargeld et la chanteuse Kylie Minogue avec laquelle il avait chanté en duo Where The Wild Roses Grow. Mais ce n’est pas une biographie filmée ou un documentaire rock du style In bed with Madonna ou Don’t look Back. 20 000 Days on Earth est plus proche de la fiction. D’origine australienne, Cave habite maintenant à Brighton, une ville qui a aussi son rôle dans le film.
Next Goal Wins
(Une Equipe de rêve) Samedi 7 mars, 18 h, Le Sémaphore De Mike Brett et Steve Jamison (UK, 2014, 90 mn), avec Thomas Rongen, Nicky Salapu, Jaiyah Saeluah… Cette équipe de rêve est celle des îles Samoa Américaines et, au départ, c’est plutôt une équipe de cauchemar : 31-0 contre l’Australie en 2001, en match de qualification pour la coupe du monde
- une défaite historique, dans le plein sens du terme ! La pire défaite de toute l’histoire de la FIFA, en fait. Et sans un seul but marqué en 4 ans ! Alors, ils font appel à un entraîneur professionnel
- ils sont tous amateurs – le Hollandais (ben
oui) Thomas Rongen, pour atteindre leur Graal : gagner, enfin, un match international et… marquer un but. Next Goa l W i n s est to ut sa uf un simpl e documentaire, genre Les Yeux dans les bleus des mers du Sud. Il est à des années-lumière du foot business, tel que le dénonce Ken Loach dans Looking For Eric, par exemple. C’est un film, drôle, surprenant, émouvant, qui nous parle d’un foot en voie de disparition et qu’on ne peut qu’aimer, où un match est avant tout un jeu, où on joue ensemble, pour le plaisir. C’est aussi et surtout un film profondément humain, où des hommes parlent et se confient, qui n’ont rien à voir avec ces footeux génériques dont nous abreuvent les télés, débitant avec plus ou moins de conviction et de bonheur ces mêmes platitudes standardisées (et ne parlons même pas de tous ceux dont le seul mode d’expression – en dehors de leurs pieds – semble être leur coupe de cheveux). Enfin, c’est l’occasion d’approcher un peu ces îles lointaines et d’y prendre une belle et surprenante leçon de tolérance. Un bon film, quoi, qui vous fera (re)aimer le foot et/ou regretter plus encore ce qu’il est devenu. Mais pas que.
The Shout
(Le Cri du sorcier) Film Fantastique de Jerzy Skolimowski, avec Alan Bates, Susannah York, John Hurt… D’après « Le Cri » la nouvelle de Robert Graves (UK, 1978, 87 mn). Version restaurée. Dimanche 8 mars, 18 h, Le Sémaphore, film de clôture Robert Graves (Tim Curry), médecin psychiatre, est associé à un mystérieux patient, Crossley (Alan Bates), pour comptabiliser les points d’un match de cricket organisé pour occuper l’après-midi des pensionnaires d’un hôpital psychiatrique anglais. Laissant le soin à Graves d’officier, Crossley se lance dans l’évocation de son passé. De retour d’un séjour de 18 ans chez les Aborigènes Australiens – où il découvrit la sorcellerie et tua ses deux enfants – il investit la maison, et la vie des Fielding, un couple anglais sans histoires (John Hurt et Susannah York). Menaçant ceux-ci d’user de son « Cri du Sorcier », censé tuer quiconque l’entend à la ronde, il prend possession de la demeure du couple, à la fois fasciné et répugné par cet homme au charisme et aux pouvoirs captivants… Ce chef-d’oeuvre du cinéma fantastique dont le négatif a été récemment restauré a remporté le prix du jury à Cannes en 1978.
Jeune public
Paddington
De Paul King (UK, 2014, 95 mn) VF, scénario de Paul King et Hamish McColl, avec Hugh Bonneville, Sally Hawkins, Nicole Kidman… et Ben Whishaw pour la voix de Paddington.
Dimanche 8 mars, 11 h, Le Sémaphore
Un jeune ours péruvien, fraîchement débarqué à Londres, part à la recherche d’un foyer et d’une vie meilleure. Il réalise vite que la ville de ses rêves n’est pas aussi accueillante qu’il croyait. Par chance, il rencontre la famille Brown et en devient peu à peu un membre à part entière.
« Superstar de la littérature jeunesse outre- Manche, l’ourson Paddington fait son apparition au cinéma cinquante-six ans après la publication de ses premières aventures. Personnages gentiment excentriques, décors londoniens so charming (marché aux puces de Portobello Road, Museum d’Histoire Naturelle…), duffle- coat et marmelade à l’orange : rien ne manque à l’adaptation fidèle des best-sellers de Michael Bond, calibrée pour plaire au plus grand monde.»
Toute la magie humoristique du cinéma britannique autour d’un ours nommé Paddington que l’on adopte volontiers tant il est truculent.
Shaun The Sheep
(Shaun le mouton) Avant-première
Film d’animation écrit et réalisé par Mark Burton et Richard Starzak (UK, 2015, 85 mn) VF, avec les voix de Justin Fletcher, John Sparkes. Produit par Aardman Animations.
Dimanche 8 mars, 16 h, Le Sémaphore
C’est la toute dernière production des Studios Aardman (Wallace et Gromit, Chicken Run, Pirates…) du génial Peter Lord qui fut l’un des invités d’honneur du Festival Ecrans Britanniques 2014. Elle s’inspire de la série télé du même nom, élue meilleure série par le jeune public britannique.
Shaun est un petit mouton futé qui travaille, avec son troupeau, pour un fermier myope à la ferme Mossy Bottom, sous l’autorité de Bitzer, chien de berger dirigiste mais bienveillant et inefficace. La vie est belle, globalement, mais un matin, en se réveillant, Shaun se dit que sa vie n’est que contraintes. Il décide de prendre un jour de congé, avec pour cela un plan qui consiste à endormir le fermier. Mais son plan fonctionne un peu trop bien et il perd rapidement le contrôle de la situation. Une chose en entraînant une autre, tout le troupeau se retrouve pour la première fois bien loin de la ferme et plus précisément : dans la grande ville. Mais comment un mouton peut-il survivre en ville ? Leur journée sera une course à 100 à l’heure, pleine d’aventures incroyables – et très drôles.
Focus sur Tomm Moore et son studio Cartoon Saloon
The Secret of Kells
(Brendan et le secret de Kells) Samedi 28 février, 14 h, Carré d’Art De Tomm Moore (Irlandais, belge, français, 2009, 75 mn). Primé et acclamé par la critique, Oscar du Meilleur film d’animation 2010, Prix du public au Festival du Film d’Animation d’Annecy 2009.
Irlande, IXe siècle, dans l’abbaye fortifiée de Kells, vit Brendan, un jeune moine de douze ans. Avec les autres frères, il aide à la construction d’une enceinte pour protéger l’abbaye des assauts réguliers des vikings. Sa rencontre avec Frère Aidan, célèbre maître enlumineur et « gardien » d’un Livre d’enluminures fabuleux mais inachevé, va l’entraîner dans de fantastiques aventures.
Ce conte est un hommage à l’histoire culturelle de l’Irlande, mais aussi au délicat miracle que représente toute activité créatrice. Le récit alerte, tour à tour cocasse et émouvant, ne cesse de surprendre, d’éblouir. Un dessin animé qui ne ressemble à aucun autre.
Sélection de 7 courts métrages et séries télévisées. Produits par Cartoon Saloon, ils ont été primés dans plusieurs festivals.
Samedi 28 février, 16 h, Carré d’Art
Pour tous dès 6 ans
Anam Un Amhrain
Des chansons irlandaises animées par différents artistes : Tomm Moore, Adrien Merigeau, Nora Twomey, Lily Bernard, Fabian Erlinghauser, Ross Stewart…
Skunk Fu !
D’Aidan Harte et Hyun Ho Khang (Irlande, 2007)
Cette série télévisée d’animation, a été diffusée dans plus de 120 pays dans le monde, y compris par la BBC, Cartoon Network, Canal J, France 5 et Gulli. Elle raconte les aventures d’animaux (panda, lapin, renarde, tortue…) qui grâce aux arts martiaux protègent leur vallée d’un terrible dragon.
Cuilin Dualach
De Nora Twomey (2005,12mn15)
Cuilin Dualach vit dans une petite ville irlandaise. Objet de curiosité, adoré par sa mère, il reçoit peu de signes d’affection de son père. Pourtant, Cuilin s’efforce de s’adapter du mieux qu’il peut, mais cela est difficile à faire quand votre tête est à l’envers !
Pour tous dès 12 ans
From Darkness
De Nora Twomey (2002, 8 mn 40), basé sur un conte inuit.
Voici l’histoire d’un pêcheur solitaire qui dérive dans les eaux hantées en quête de nourriture et trouve beaucoup plus que ce qu’il a négocié.
Old Fangs
D’Adrien Merigeau (2009, 11 mn 26).
Un jeune loup décide d’affronter son père. Il ne l’a pas vu depuis son enfance.
Somewhere Down The Line (Quelque part sur la ligne)
De Julien Regnard (2014, 10 mn).
La vie d’un homme, amours et pertes sont présentés à travers les échanges qu’il a avec les passagers dans sa voiture.
The Ledge End Of Phil
De Paul O’Muiris (2014, 6 mn)
Phil, employé de bureau coincé, piégé à l’extérieur sur le rebord de son immeuble, se rend vite compte que son seul espoir est une mouette qui a été prise au piège dans le bureau. Sur la corniche, coincé entre deux mondes : la sécurité du monde intérieur par rapport au danger de l’extérieur, Phil doit choisir son côté.
Song of the Sea
(Le Chant de la mer)
Dimanche 1er mars, 11 h, Le Sémaphore De Tomm Moore (Irlandais, danois , belge , luxembourgeois, français, 2014, 93 mn), avec les voix de David Rawle, Fionnula Flanagan, Brendan Gleeson…
Ben et Maïna vivent avec leur père tout en haut d’un phare sur une petite île. Pour les protéger des dangers de la mer, leur grand-mère les emmène vivre à la ville. Ben découvre alors que sa petite soeur est une selkie, une fée de la mer dont le chant peut délivrer les êtres magiques du sort que leur a jeté la Sorcière aux hiboux. Au cours d’un fantastique voyage, Ben et Maïna vont devoir affronter peurs et dangers.
« Le trait joue avec les motifs traditionnels celtiques et les textures semblent palpables : mer de velours, champs d’or et de laine, pierres grenues et patinées par le temps… C’est un film qui se caresse du regard, avec d’autant plus de tendresse qu’il évoque des sujets plus graves qu’il n’y paraît : le deuil, le manque, la rivalité et l’amour fraternels. Un bijou celtique mais universel. » Cécile Mury